Journées de l'Enseignement Agricole (JEA)

La journée de l'enseignement agricole, organisée sous l'égide du projet Agro Open Lab qui rassemble la DRAFF Bourgogne-Franche-Comté, Institut Agro Dijon et INRAE, est l'occasion de faire découvrir à des étudiants de BTS agricoles les différentes activités et les métiers de l'unité expérimentale du domaine d'Epoisses et de l'UMR Agroécologie, ainsi que les possibilités de poursuite de leurs études dans une formation d'ingénieurs à Institut Agro Dijon.

Édition 2025 : 25 septembre 2025

Atelier 1 : Expérimentation analytique en agroécologie

L’expérimentation analytique en plein champ consiste à comparer plusieurs modalités (variétés, niveaux de fertilisation, association de cultures…) toutes choses égales par ailleurs. Chaque modalité varie indépendamment des autres composantes.

Représentation schématique d’un essai analytique
Représentation schématique d’un essai analytique

Les essais réalisés sur la plateforme CA-SYS permettent d’évaluer ces modalités dans un contexte agroécologique, et de rechercher les traits variétaux les mieux adaptés à des systèmes agroécologiques.

Pour réaliser ces essais, l’équipe APEX utilise du matériel spécifique :

 

De gauche à droite : semoir, porte-outil polyvalent, moissonneuse-batteuse et chaîne de tri.
De gauche à droite : semoir, porte-outil polyvalent, moissonneuse-batteuse et chaîne de tri.
Vue aérienne d’un essai sur la plateforme CA-SYS,  photo Rodolphe Hugard et Guillaume Poussou (INRAE-U2E).
Vue aérienne d’un essai sur la plateforme CA-SYS, photo Rodolphe Hugard et Guillaume Poussou (INRAE-U2E).

 

Les thématiques d’essais tournent autour des associations variétales et d’espèces, des couverts d’interculture et de leur méthode de destruction, de stratégies de fertilisation et d’implantation des cultures en semis direct, de la microbiologie du sol… mais aussi des ressources génétiques avec l’inscription variétale GEVES/CTPS.
Plus d’une douzaine d’espèces sont travaillées : céréales, protéagineux, oléagineux, associées ou en pures.

Atelier 2 : Conduite et évaluation des essais systèmes de culture agroécologiques

L’expérimentation système consiste à tester et évaluer des systèmes de culture, des « façons de produire », qui reposent sur une combinaison de techniques choisies pour atteindre des objectifs. Contrairement à l’expérimentation analytique, l’expérimentation système ne permet pas de tester une pratique indépendamment, mais l’association d’une succession de cultures et d’itinéraires techniques conduits sur une parcelle sur le long terme.
Sur la plateforme CA-SYS, 4 systèmes de culture sans pesticides sont expérimentés. Ils sont inspirés de deux grandes voies de l’agriculture : l’agriculture de conservation des sols et l’agriculture biologique.

Disposition des 4 systèmes de culture CA-SYS sur le parcellaire, et présentation de leurs objectifs.
Disposition des 4 systèmes de culture CA-SYS sur le parcellaire, et présentation de leurs objectifs.

Pour mettre en œuvre ces systèmes de culture sans pesticide (et sans ou avec peu de travail du sol pour certains), l’équipe SYSFERM utilise du matériel spécifique :

De gauche à droite : semoir de semis direct, écimeuse, Strip-till et faucheuse inter-rang
Quelques matériels spécifiques utilisés par l'équipe SYSFERM pour la conduite des essais systèmes de culture.

Les systèmes de culture CA-SYS sont conduits à partir de règles de décision qui visent à atteindre les objectifs assignés, tout en s’adaptant à l’état des parcelles et des cultures, et aux conditions météorologiques de l’année.
Les agents de l’équipe SYSFERM réalisent l’ensemble des interventions agricoles sur les systèmes de culture CA-SYS, en fonction des règles de décision. Ils évaluent leur faisabilité et leur efficacité, et contribuent, de par leur expertise, à la mise au point des systèmes.

Représentation schématique de la boucle d’apprentissage utilisée pour concevoir, évaluer et faire évoluer les systèmes expérimentés.
Représentation schématique de la boucle d’apprentissage utilisée pour concevoir, évaluer et faire évoluer les systèmes expérimentés.

 

Pour évaluer les performances économiques, sociales et environnementales de chacun des systèmes, l’évaluation multicritère est une méthode qui permet d’avoir une vue d’ensemble des performances obtenues et d’identifier des axes d’amélioration.

 

 

Atelier 3 (INRAE) : Suivi de la biodiversité et des régulations biologiques

Dans les agroécosystèmes, de nombreux processus écologiques sont en jeu ! Dans les systèmes de culture sans pesticides, on mise sur la biodiversité sauvage et cultivée pour activer ces processus écologiques et réguler les bioagresseurs naturellement.

Ainsi, pour pouvoir gérer les bioagresseurs sans pesticides, on mobilise de nombreux leviers agroécologiques et méthodes alternatives, et notamment l’augmentation de la diversité végétale à différentes échelles :

Bande fleurie implantée sur Ca-SYS en 2019.
Bande fleurie implantée sur Ca-SYS en 2019.

•    Mélanges d’espèces et de variétés cultivées à l’échelle de la parcelle,
•    Diversification de l’assolement à l’échelle du parcellaire,
•    Diversification et allongement de la rotation dans le temps,
•    Et implantation d’infrastructures agroécologiques à l’échelle du paysage (haies, bandes fleuries et enherbées).

Grâce à cette grande diversité végétale, et le maillage d’infrastructures agroécologiques et de perchoirs à oiseaux installé sur CA-SYS, on fournit le gite et le couvert à une grande diversité d’organismes bénéfiques pour les cultures, et on favorise leur installation et leur dispersion entre et dans nos parcelles.

Les ravageurs de cultures, leurs ennemis naturels et le service de régulation associés sont évalués chaque année sur la plateforme CA-SYS, par les agents de l’équipe CESYA :

Syrphe posée sur une inflorescence
Syrphe posée sur une inflorescence

 

-    Dans les parcelles, à l’échelle du système de culture, pour voir comment les pratiques et les leviers agroécologiques impactent les auxiliaires, les ravageurs et les dégâts sur les cultures
-    Dans les infrastructures agroécologiques (haies, bandes fleuries), à l’échelle du paysage, pour voir comment fournir le gîte et le couvert à la biodiversité permet de favoriser les services écosystémiques.

 

Pour le pour le suivi de l’entomofaune, l’équipe utilise des cuvettes jaunes (ravageurs volants comme les pucerons, les altises, les charançons et les méligèthes), des pièges à limaces, des pièges à fosse (prédateurs généralistes au sol comme les carabes araignées et staphylins), des filets fauchoirs (prédateurs généralistes volants tels que les syrphes, coccinelles et chrysopes) et des observations visuelles (faunes et dégâts). Pour mesurer les services de régulation, elle utilise des cartes de prédation de graines ou de pucerons, des proies sentinelles (fausses chenilles en plasticine), la dissection de larves parasitées, etc.

Ensemble d’auxiliaires et de ravageurs observés sur le terrain.
Ensemble d’auxiliaires et de ravageurs observés sur le terrain.

En parallèle, l’équipe réalise sur chaque culture un diagnostic agronomique, dont l’objectif est de suivre le développement des cultures (comptages de levées, suivi des stades), enregistrer les taux de pertes dues aux bioagresseurs et à d’autres facteurs limitants (climatiques, physiologiques…), et établir la composition du rendement.

Atelier 4 (INRAE) : Des interactions bénéfiques pour une agriculture durable

La production agricole repose en partie sur les interactions bénéfiques des plantes avec d’autres organismes. Au cours de cet atelier, nous vous proposons de découvrir deux types d’interactions : plantes-microorganismes et plantes-pollinisateurs.

Partie 1 : Une interaction plante-microorganismes : la symbiose fixatrice d’azote

Nodosités présentes sur des racines de légumineuses.
Nodosités présentes sur des racines de légumineuses.

Une interaction bénéfique s’établit entre des plantes de la famille des légumineuses (Fabaceae) et des bactéries de la famille des Rhizobiaceae appelées communément rhizobia. Cette interaction se traduit par la formation de nodosités visibles à l’œil nu sur le système racinaire des plantes. La symbiose entre un rhizobia et une légumineuse est spécifique (par exemple, le rhizobia nodulant la luzerne ne nodulera pas avec le soja et vice versa). La plupart des légumineuses sont naturellement nodulées (comme le pois, la luzerne…) mais dans certain cas cette symbiose ne peut pas s’établir faute de rhizobia spécifiques présents dans les sols (légumineuse importée d’autres pays ou continents), ou lorsque les quantités de rhizobias dans les sols sont trop faible. C’est pourquoi dans ces situations nous avons recours à l’inoculation.

 

Comparaison de parcelles de soja avec ou sans innoculum.
Comparaison de parcelles de soja avec ou sans innoculum.

L’inoculation est un procédé qui permet d’apporter les bactéries (rhizobia) sur la graine, ou à proximité de la graine au moment du semis par différentes techniques.
Le laboratoire d’Agroécologie (INRAE) a sélectionné des souches de rhizobia et les met à disposition de firmes industrielles via des licences de savoir-faire pour la fabrication d’inoculant. Les souches fournies par l’INRAE de Dijon sont conservées et vérifiées chaque année pour les propriétés revendiquées (nodulation et fixation d’azote). En contrepartie, les inoculants fabriqués avec les souches d’INRAE devront répondre aux exigences de qualité des licences pour être commercialisables : richesse minimum de l'inoculant en bactérie fixatrice d'azote, absence de contaminants microbiens. L'inoculation classique est pratiquée par les agriculteurs au moment du semis, le plus souvent par enrobage des semences avec un inoculum.

Partie 2 : Les interactions plantes-pollinisateurs

Bourdon en train de butiner.
Bourdon en train de butiner.

En France, 72% des cultures sont au moins partiellement dépendantes du service de pollinisation. Cependant, depuis plusieurs décennies, nous observons un déclin des insectes pollinisateurs au niveau européen. L’une des causes principales de ce déclin est la disparition de certains habitats, comme les prairies et les forêts. Cette disparition engendre un manque de ressources alimentaires pour ces insectes, en particulier en milieu agricole. C’est pourquoi plusieurs projets de l’UMR Agroécologie visent à estimer les ressources florales présentes dans les paysages agricoles et leur lien avec les insectes pollinisateurs. Lors de cet atelier, nous vous proposons de découvrir différentes activités et protocoles de recherches autour de la flore et des insectes pollinisateurs. Nous vous présenterons également la complexité des réseaux d’interactions entre les plantes et les insectes pollinisateurs et terminerons par une ouverture sur les potentiels bénéfices de ces interactions.